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L'apprentissage de la lecture

Pour celles qui m'ont suivie sur mon blog personnel, Yann a pris près de 2 ans à apprendre ses lettres. Jour après jour à recommencer le travail de reconnaissance de ces petits dessins, à essayer différentes méthodes conseillées par toutes les mamans (ces méthodes géniales qui ont fait des miracles chez elles, et qui ici ne donnaient rien)

Nous sommes allés consulter à la clinique TDAH de Ste-Justine. Vous ai-je déjà dit que Ste-Justine est foncièrement contre l'école à la maison? Ben je vous le répète. Tous les spécialistes que j'ai rencontré au fil des ans et des rendez-vous pour mes enfants ont été contre d'emblée, sans donner de chance.

Yann a été évalué l'été dernier par une orthopédagogue du service de la clinique TDAH. Un nouveau service offert. Il ne savait pas toutes ses lettres, ne pouvait pas lire ne serait-ce qu'une syllabe de deux lettre (ba). Et pourtant j'avais des piles de documents avec lesquels je travaillais. Il avait 7¾ ans.

Lorsque j'ai rencontré l'orthopédagogue pour la lecture de son rapport, j'ai senti beaucoup d'énergie négative. Pour elle il était inconcevable que Yann ne sache pas lire à 7 ans. Elle spécifiait que les résultats de ses tests ne montraient pas de difficulté où il aurait dû y en avoir pour qu'il soit dyslexique. Il aurait donc dû être plus en avance. C'était donc automatiquement la faute à l'école à la maison, il faut absolument chercher le coupable et l'assommer... Et non seulement j'ai senti ce négativisme, mais je lui ai même glissé que je sentais qu'elle était sur le bord d'appeler la DPJ pour entrave à son développement, ce qu'elle n'a pas nié. Je fulminais.

La psychologue qui avait évalué son Q.I. et diagnostiqué officieusement sa dyspraxie avait été tellement positive. Elle qui travaillait avec des enfants dyspraxiques à longueur de journée et qui disait que l'école les détruisait, les traitait de paresseux et de manque de volonté, elle trouvait que Yann se développait dans un esprit plus positif et surtout de façon plus équilibrée, utilisant ses stratégies efficacement pour les domaines de son développement non touchés par sa dyspraxie.

Lorsque j'ai reçu le rapport écrit de cette orthopédagogue, j'étais vraiment très fâchée. Il disait par écrit ce qu'elle m'avait laissé entendre. Elle condamnait l'école à la maison. Et faisait même des sous-entendus très peu subtils sur le fait que je prenais en tant que mère une décision vraiment inadéquate de garder Yann à la maison au lieu de l'envoyer à l'école. Elle ne tenait aucunement compte de tout ce qui entourait cette décision: le fait qu'il soit adopté et qu'il prendrait cela comme un rejet, le fait que ses autres frères et soeurs étaient à la maison, le fait que son estime de lui-même serait touchée (TDAH et dyspraxique, c'est souvent l'estime basse qui est le plus grand handicap)...

Je ne savais pas si je devais répliquer ou non. L'évaluation avait eu lieu l'été dernier (2009), en octobre Yann commençait à se débrouiller vraiment bien en lecture après avoir bossé très fort sur les sons, qu'il apprenait à un rythme accéléré. En janvier, Yann lisait fluidement et couramment des albums pour enfants. Il réempruntait tous les albums qu'il avait déjà pris à la bibliothèque pour enfin les LIRE. Puis je recevais ce rapport à la fin janvier. Il n'était plus du tout d'actualité. Yann n'avait, en effet, aucune trace de dyslexie. Et une fois le dessin des lettres reconnu (difficulté reliée DIRECTEMENT à sa dyspraxie visuo-spatiale), il avait appris à lire très rapidement.

Avec le temps j'ai compris qu'il fallait choisir ses batailles. Je n'ai pas répliqué. Ce n'était pas par une réplique cinglante à une fille sans jugement que j'allais régler l'opinion de Ste-Justine et du personnel des écoles sur le compte de l'école à la maison. J'ai choisi de miser sur mon gars. J'ai fermé tous les livres de première année que nous avions depuis plusieurs années, et nous avons attaqué ensemble un programme CE1 (2e-3e année) J'ai un secret pour vous: Il trouve cela facile et avance avec bonheur à la maison, il réussit, et son estime de lui est préservée et même un peu trop haute...Bon mais ça c'est un autre sujet ;)

L'autre jour, il m'a dit qu'il espérait continuer longtemps, y compris au secondaire, à la maison. Il m'a remercié de faire cela pour lui. Et surtout, surtout, il m'a affirmé avec grande conviction, il y a deux semaines, qu'il était tellement heureux de savoir lire. C'est devenu une passion. Il a dévoré 3 Géronimo (les jaunes) et le premier livre de cette saga Star Wars (125 pages) en une semaine. Et après vérification de sa compréhension, je suis abasourdie, et tellement FIÈRE de lui.

Aurait-il seulement pu avoir la chance d'aller à son rythme à l'école, sans être poussé et comparé aux autres? Aurait-il pu développer cette passion de lire à l'école? Pendant qu'il ne reconnaissait pas ses lettres, non il ne lisait pas, mais il était entouré d'amour, de reconnaissance de sa valeur, et d'exemple de gens pour qui la lecture est une passion. Cela vaut bien des apprentissages formels et on ne l'acquiert pas à l'école.


8 coco-mentaires:

Karine a dit…

Tes propos sont très touchants et combien vrais... Je te trouve bien courageuse d'avoir persévéré malgré toutes les embuches. C'est toujours très satisfaisant lorsqu'un enfant fait un nouvel apprentissage mais ce l'est encore plus lorsque cet apprentissage s'est fait avec difficulté. Félicitations à vous deux !

Anonyme a dit…

Je suis tellement mais oh combien tellement heureuse pour vous!

Que c'est touchant, ton enfant qui te remercie de l'éduquer ainsi...:)

Good job mom!

Carméla a dit…

Un gros bravo à vous deux !

Je crois sincèrement que ton message vient aussi apporter de l'espoir à toutes les mamans dont l'apprentissage de certaines notions tardent chez leur enfant.

Dans la forêt des enfants-roi a dit…

Quel beau message! Vous avez travaillé tellement fort, qu'importe ce que pense les *spécialistes* de ce monde. Félicitation, ta (votre!) persévérance est inspirante

muguet a dit…

Et combien d'exemples semblables au tien!
On pousse nos enfants et ça donne quoi à part de diminuer leur estime d'eux-mêmes!
Bravo pour ta patience, ta sagesse et les résultats qui se pointent!

T'as raison de vouloir garder tes énergies pour tes enfants d'abord!

Bonne continuité...tu récoltes ce que tu sèmes par les gentils mots de ton fils.

Stéphanie - Atelier Saint-Cerf a dit…

Je suis convaincue que tu as pris la bonne décision! Tous ces pseudos spécialistes qui «savent» ce qui est bien pour tout le monde...grrrr! ça me fâche!

Mon fils de 8 ans commence à lire de façon un peu plus fluide et il termine sa deuxième année...Je ne considère pas qu'il a le moindre problème! À chacun son rythme!

C'est drôle parce que mon garçon commence à «débloquer» depuis qu'il lit des Géronimos et des livres Star Wars lui aussi...;o)

Bravo à ton fils! (et à sa maman!)

Hen'viève a dit…

C'est touchant et ça me rappelle une des raisons pour lesquelles on fait l'école à la maison: développer une bonne estime de soi. Si ce n'est pas le plus grand obstacle d'un enfant, ça en reste un de taille qui peut persister longtemps, voire tout la vie... Et ça me fait aussi penser à une autre des raisons de notre choix: conserver ou cultiver la passion d'apprendre et de se réaliser!

Je suis vraiment contente pour vous. Mes félicitations!

kokotte minute a dit…

Je suis contente que mon garçon se rende compte par lui-même du grand bonheur de savoir lire. Il ne lit pas seulement pour faire plaisir à maman, il lit maintenant pour son propre plaisir. Je crois que voilà la plus grande réussite!

Et un petit plus: le petit frère de 5 ans a commencé à vouloir apprendre à lire lorsqu'il a vu son frère lire comme sa soeur.


Merci à toutes!